LES CHAISES
Un opéra

Du choix de l’œuvre

J’éprouve une attirance pour Ionesco depuis l’adolescence ; l’absurdité des situations mises en scène dans le théâtre de Ionesco m’a toujours semblé mettre en lumière, mieux qu’un théâtre réaliste, la réalité, notre propre réalité humaine et ses absurdités. En fait, Ionesco fait-il un théâtre vraiment absurde ? Je n’en suis pas sûr ; peut-être suis-je même convaincu du contraire. Car ses fables décrivent les dérives de l’homme et ses fausses quêtes, ou ses mauvaises quêtes.
Les chaises, une fable tragique, spirituelle, quelque peu minimaliste mais qui décrit, tout entière, l’humanité ratant sa quête spirituelle, l’humanité ne trouvant pas le chemin qui lui est montré de là-haut. La fable parle donc bien de notre quête spirituelle, de notre condition d’Hommes, de notre rapport avec nos dieux… avec Dieu.

De l’œuvre comme livret

Et Ionesco, ce n’est pas qu’un auteur, c’est un musicien car son texte (et celui des chaises peut-être plus que tout autre) porte en lui de la musique, des rythmes, comme un poème : il inspire la musique.

Et du livret à l’opéra

Et donc, après plus de 20 ans de maturation, après avoir compris qu’il y a des procédures dans ce bas monde (obtention et paiement des droits, dialogue avec l’héritière… comme une épreuve chevaleresque), je suis prêt, faisant face à l’attente de cet accouchement, de cette chose qui murit depuis longtemps, où les sons sont déjà perceptibles, à portée de doigts.
Et la fable restera intime : Trois acteurs – deux musiciens. Et des chaises. Deux musiciens pour qu’on puisse promener facilement. Deux musiciens pour servir la voix : L’accordéon comme témoin populaire universel. Le piano comme instrument romantique, pathétique, aux résonnances du rêve et de l’espace.

Steve Muriset